Les Chroniques de Loutre-Monde : Eastern Tails – Épisode 25

Timothy Ellys

Plus que trois jours… C’est jouable… pensa Timothy, de plus en plus rongé par l’ennui. Y’avait pas à dire, les vacances, c’était ce qu’il y avait de pire au monde. Si seulement il avait quelque chose pour l’occuper.

Même si le pire, en y repensant, c’était qu’Elliott, lui, s’amusait comme un petit fou ! Peut-être était-ce parce qu’il était condamné à rester éternellement célibataire, ou quoi, mais il n’arrêtait pas d’accidentellement flirter avec toutes les femmes et hommes sur le navire. Et c’était ça, le pire du pire : accidentellement ! Comment est-ce qu’un homme ressemblant à un paresseux arrivait à être aussi charmant !? Non pas qu’il trouvait son meilleur ami repoussant, juste que les paresseux faisaient partie des animaux dont Timothy se moquait royalement lorsqu’il était encore sur sa bonne vieille Terre. Mais là, non seulement Elliott était un paresseux anthropomorphe, mais en plus un paresseux aux cheveux d’or charismatique qui mettait tout le monde dans sa poche et qui avait comme pouvoir d’être l’homme le plus rapide au monde ! C’était la division par zéro ! Le paradoxe ultime ! Le Kamoulox suprême !

Timothy voulut s’arracher les cheveux.

« Ça va, Tim ? » demanda Elliott.

Toute réflexion négative disparut instantanément de l’esprit du renard. « Oui oui. Tranquille.

— Tu erm… N’as pas l’air super. » constata le paresseux.

« Non non, t’inquiètes, ça ira. C’est juste que je m’ennuie un peu beaucoup.

— Tu n’as qu’à faire comme moi. Il y aura un bal tout à l’heure. Ça te ferait du bien de bouger un peu, je pense.

— Oui, mais…

— Je sais ce que tu vas dire. ‘Tu me connais. Je ne peux pas interagir avec les autres, parce que sinon je me mets à flirter avec eux.’

— Tu… Fais une très mauvaise imitation. » répondit Timothy, vexé.

« Pas grave. Dans tous les cas, tu sais, ce n’est pas parce que tu parles avec quelqu’un en dehors du travail qu’Helena va t’en vouloir, hein ? Vous pouvez vivre vos vies chacun de votre côté sans que ça ne soit considéré comme les premiers signes d’une séparation.

— Facile à dire pour quelqu’un qui n’a jamais été en couple. » marmonna Timothy.

Elliott grimaça. « En même temps, je ne peux pas me mettre en couple avec une personne qui ne soit pas immortelle et en dehors de ta fille… Qui est ta fille, et Alma, qui est déjà prise…

— Au pire, il y a toujours Ashly ou l’un des autres enfants d’Edgar… » suggéra Timothy.

Elliott se sentit rougir. « Oui, mais… Non ? Ashly, elle…

— Non, mais ça se voit que tu en pinces pour elle. Avoue. »

Le paresseux s’impatienta. « Tim, arrête. S’il te plaît. » Il tourna la tête et vit l’expression malicieuse du renard. « Rah, mais t’es vraiment chiant, tu le sais ? »

Timothy montra ses crocs dans un sourire satisfait. « Je sais, je sais. »

Elliott grogna.

***

Alors qu’il erra sans but dans le navire, Timothy s’arrêta net. Son oreille se tourna, puis il se mit à renifler l’air marin. Des bruits de pas réguliers et identiques et une odeur peu remarquable dans son dos depuis deux minutes, comme si quelqu’un le suivait.

Rapidement, il se retourna. Personne.

Soit son imagination lui jouait des tours, soit il était suivi discrètement par quelqu’un. Le renard plissa les yeux, puis décida de continuer sa balade, tout en faisant attention aux bruits.

Les mêmes bruits de pas légers. Aucun doute, quelqu’un le suivait.

Sans prévenir, il se retourna, uniquement pour voir une jeune raion le suivre. Le petite fille sursauta, avant d’essayer de se cacher.

« C’est trop tard. Je t’ai grillé. Allez, sors de ta cachette. » La raion sortit de la cabine inoccupée. « Toi !? Ici ? »

La jeune fille était reconnaissable entre mille. Ou du moins, son héritage, puisqu’il était plus qu’évident qu’il s’agissait de la fille de Miranda Bloom. La jeune fille, qui devait avoir à peine plus de huit ans, avait elle aussi cette chevelure blonde noble, ainsi que sa même expression de bonté teintée de malice. Cela dit, à la différence de sa mère et de tous ses ancêtres, les origines mixtes étaient bien plus visibles : la petite avait la main droite du même gris que son père konijin. Elle portait également des vêtements beaucoup plus urbains que sa mère, étrangement similaires à ceux que porteraient Helena. Elle avait même une veste à capuche du même violet.

« Oh ! Vous m’avez trouvé ! Vous êtes vraiment trop fort, monsieur Ellys. »

Timothy observa la Miranda miniature d’un air sceptique. « Tu… Ne serait pas la fille du juge Miranda Bloom, si ? »

Le regard de la petite s’alluma comme des brasiers. « Mais si ! Comment vous avez deviné ? »

Le détective regarda dans toutes les directions. « Simple déduction.

— Whooooaaaah ! Vous savez, je suis votre plus grande fan. »

Timothy observa la petite fille. Ou la plus petite, pensa-t-il tellement fort qu’il manqua de le dire à voix haute. À la place, il lui adressa un petit sourire. « On me dit souvent ça, tiens. » Puis une question lui vint à l’esprit. « Où sont tes parents ? Je ne les ai pas vus du voyage.

— Maman est restée dans la cabine, c’est pour ça. Elle a à peine posé un pied sur la passerelle qu’elle est tombée malade. Direct.

— Ah, pas fan des voyages en bateau, j’ai l’impression. »

La petite fille hocha la tête. « Du tout.

— Et ton papa ? Il n’est pas là ?

— Nuh-uh. Il est resté à la maison pour veiller sur Papy.

— Je vois… Mais je n’ai pas demandé ton prénom ! Je suis malpoli… »

La jeune fille eut un sourire atteignant les deux oreilles. « Joy. »

Timothy ne put s’empêcher de trouver le jeu de mot adorable. Joy Bloom. « Enchanté, Joy. Ça te dirait que l’on aille voir ta mère ? Elle doit être inquiète que tu aies disparu comme ça. »

La petite raion haussa les épaules. « Boh, vous savez, elle dort beaucoup quand elle ne vomit pas, donc c’est pour ça que je suis sorti. »

Timothy grimaça. Visiblement, la petite et sa fille fonctionnaient de la même manière. « Oooon… Va quand même aller la voir, hein ?

— D’accord. »

***

Timothy entra avec Joy dans la cabine de Miranda. La juge était dans un sale état, suant à grosses gouttes. Elle grogna en entendant la porte s’ouvrir. « … Joy ? » Elle leva légèrement la tête et vit l’Étranger. « T-Timothy ?

— Yoh ! Ça n’a pas l’air d’aller bien fort ! »

La raion semblait choquée. « Mais qu’est-ce que tu fiches ici ?

— Je te retournerais bien la question. » dit Timothy.

« Boh, tu sais… La vie de juge, c’est bien, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas pris de vacances… » Elle se couvrit la bouche pour contenir une remontée. « Du coup, toi aussi, tu prends des vacances ? »

L’Étranger lui fit une moue. « Boh, tu sais, les vacances, c’est pas trop mon truc. Attends. » Timothy referma la porte de la cabine derrière lui, puis fit apparaître sa mallette. Il en sortit un cachet. « Je pense que tu en auras besoin. Tu as de l’eau ? »

La raion hocha la tête. Le renard sortit un verre d’eau déjà prêt et le tendit avec le cachet. « Tiens.

— Merci. » La juge avala le médicament et but une gorgée d’eau. Elle eut les larmes aux yeux. « Wouah, ça arrache ! » Puis elle fronça les sourcils. « Mais c’est super efficace, ton truc ! J’ai plus le mal de mer ! »

Timothy sourit. « Tu peux remercier Helena. C’est elle qui les a confectionnés.

— Fais-moi penser que je devrais la remercier quand je la reverrai.

— Pas de soucis. Du coup, ouais. Je vais à Johsei parce que l’empereur m’a demandé de venir.

— Oh ?

— Je n’en sais pas plus non plus. Un truc assez grave, même si je préfèrerais que ta fille n’en entende pas plus. »

Miranda tourna la tête et vit sa fille. Souriant, elle l’invita à s’asseoir sur le lit à ses côtés et la tint par la taille.

« Je comprends.

— Pour changer de sujet, ce ne sont que toi et ta fille en vacances alors ? »

La raion hocha la tête. « Ouip. Mon père se fait de plus en plus vieux, donc on ne peut le laisser seul trop longtemps. Et Nico a décidé de me remplacer. »

Timothy leva un sourcil. « Nico ? Tu sais, juge, c’est quand même un métier.

— Et ?

— Et ton mari est un fleuriste, donc…

— Donc ?

— Tu es sûr que ça ira pour lui ? J’ai pas l’impression que c’est le genre de personne capable de réguler une cour de justice, si tu vois ce que je veux dire.

— Bah, tu te fais des idées. Vu que je parle quasi toujours du boulot en rentrant, il en a intégré, des bases. Et puis bon, même si mon père se fait vieux, je pense qu’il se fera un malin plaisir à l’assister. »

Timothy tenta d’imaginer deux juges côte à côte. Un fleuriste konijin débutant et un vieux raion aigri et vif d’esprit. « J’imagine, oui. Donc vous restez longtemps ?

— Juste deux semaines, tout au plus. Le temps de montrer à Joy un peu du pays. »

La fille tira la manche de sa mère. « Maman ? On pourra voir les combats d’épée ? »

Miranda sourit. « Mais oui, Joy. On verra des combats d’épée. Et on mangera plein de bonnes choses, tu verras.

— Cool !

— De mon côté, je ne sais pas encore combien de temps je compte rester là-bas. J’imagine que ça va durer un mois, du coup, je ne pense pas pouvoir être là pour t’aider avec ton mal de mer au retour.

— Roh, ne me parle pas de retour. Et encore moins de mal de mer… Je ne veux pas y penser ! »

Timothy sourit.




Instant making-of : C’est assez drôle à dire, mais cette histoire de Timothy Ellys est la sixième de sa série… Dont aucun épisode n’a encore été écrit !

Pour le coup, j’ai énormément d’éléments de ses histoires en tête et même si j’ai légèrement improvisé cette micro-intrigue avec la fille de Miranda, pas mal d’autres éléments étaient déjà posés de longue date et apparaîtront dans Les Multiples Procès de Timothy Ellys, faisant de la plupart de ces éléments des Easter Eggs en rapport à quelque chose qui n’existe techniquement pas encore ! Quand est-ce que je me mettrai à écrire ses aventures ?

Probablement pas de suite…

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